Rencontre aux falaises de Moher.
En fin d’après-midi, moment privilégié où la luminosité s’estompe pour laisser sa place à un monde beaucoup plus lumineux pour ceux qui savent ouvrir leur conscience aux univers illimités, Emmet un homme d’une grande distinction et toujours d’humeur joyeuse, venait se promener le long des 8 km de sentier bordant les superbes falaises de Moher. Il appréciait de se retrouver 200m au dessus des flots de l’océan atlantique et savourer les senteurs maritimes apportées par le vent du large, comme il le faisait déjà dans sa jeunesse.
Après des études d’ingénieur en électricité il s’est intéressé à la guérison par la pensée et la prière. Il fit d’abord des conférences sur ce sujet spirituel à Londres avant de les poursuivre à New York y obtenant un immense succès. Dès que cela lui était possible il revenait dans son pays natal pour rendre visite à sa sœur Augusta qui habitait dans le petit village de Liscannor, tout proche des merveilleuses falaises enchantées pour lesquelles il avait une véritable passion.
Un jour, près de la tour O’Brien d’où l’on pouvait apercevoir les attrayantes iles d’Aran, venu pour y méditer dans le silence, bercé par le murmure de l’océan et des mouettes, il remarqua un jeune homme apparemment d’humeur morose que seul le spectacle du vol majestueux des mouettes et autres oiseaux marins semblait lui apporter quelque soulagement. Il s’en approcha et entama la conversation.
« Bonsoir jeune homme, le coucher de soleil est vraiment splendide n’est-ce pas ? »
« En effet monsieur, cet endroit est magique et fascinant. »
« Vous pouvez m’appeler Emmet. »
« Moi c’est Joseph. » Répondit le jeune homme en lui serrant la main.
« Pardonnez ma curiosité mais vous me paraissez si nostalgique et semblez tellement absorbé dans vos pensées que si un troupeau d’éléphants passait par ici, je suis sûr que vous ne le remarqueriez même pas. Je me suis permis de vous interrompre dans votre contemplation car vous me rappelez étrangement un jeune homme qui venait ici, comme vous, rêver à quelque chose qui lui paraissait totalement impossible à réaliser, ce qui le rendait profondément triste et désespéré. » Lui dit Emmet.
« Vous avez raison Emmet, je poursuis des études en chimie mais j’ai un rêve qui m’obsède et m’empêche de me sentir heureux. Et qu’est-il arrivé à ce jeune homme ? »
« Un homme que nous appellerons « Le Juge » passa par là, ayant une grande connaissance du genre humain, il demanda au jeune homme l’objet de ses tourments. Celui-ci lui répondit qu’il avait un rêve impossible à réaliser et que cela le mettait au désespoir. »
Le « Juge » lui répondit : « Mais alors vous devriez être très heureux au contraire, il n’y a rien de plus exaltant que de vouloir réaliser son rêve. »
« Oui mais je me sens tellement frustré, car il m’est tout à fait impossible de le réaliser. Je voudrais voler comme les oiseaux que je viens admirer chaque fois que je le peux. C’est si attirant et me donne une telle impression de totale liberté qu’il me semble que je ne pourrai jamais être heureux sans cela. »
« Mais alors pourquoi ne le faites vous pas, qu’est-ce qui vous en empêche ? »
« Vous voulez rire, je ne vous parle pas de prendre un avion ou n’importe quel engin. Mais bien de voler librement sans contrainte d’aucune sorte. Je ne tiens pas non plus de m’élancer de la falaise et de m’écarteler sur les flots en bas. »
« Je comprends parfaitement et si vous voulez bien me faire confiance vous pourrez, sans aucun risque, réaliser votre rêve merveilleux que d’autres ont déjà accomplis. »
« Comment cela, vite dites m’en davantage, vous m’intriguez. »
Alors « Le Juge » lui demanda s’il connaissait la science de l’esprit ? »
« Bien que cela m’intéresse, je n’ai jamais eu le temps de l’étudier comme je l’aurai voulu. »
« Si vous voulez vous y consacrer rien ne vous sera impossible. Quand vous rentrerez chez vous, fermer votre porte et veillez à ne pas être dérangé. Vous pouvez mettre une musique qui vous inspire. »
« J’aime beaucoup les quatre saisons de Vivaldi. »
« Excellent choix. Installez-vous confortablement, ensuite détendez-vous et suivez votre inspiration en visualisant votre désir comme s’il était accompli. Sentez-vous commencer à vous élevez dans les airs jusqu’à ressentir la joie du vol vous envahir profondément. Sans forcer ou vouloir provoquer quoi que ce soit, laissez-vous diriger par le sentiment de bonheur qui vous envahira. L’imagination créatrice est une force étonnante qui peut vous aider dans toutes vos voies pourvu que vous la laissiez vous mener vers ses innombrables merveilles dont vous n’avez encore aucune idée. Faites cela pendant quelques jours et si vous l’accomplissez avec assiduité, je vous assure que votre vie en sera totalement transformée. »
« Et qu’arriva t-il ensuite ? » Demanda Joseph.
Emmet lui répondit que le jeune homme revint quelques jours plus tard, se dirigeant d’un pas décidé vers son ami « Le Juge », apparemment il était complètement métamorphosé, pour lui manifester sa reconnaissance. Il lui dit : « J’ai fais ce que vous m’avez recommandé et le soir même j’ai commencé par me sentir entièrement différent plus libre et heureux, un sentiment de bonheur que je ne connaissais pas auparavant m’a envahi et n’a fait que s’amplifier depuis. Non seulement j’ai pu réaliser mon rêve mais en plus tout ce que je fais me semble plus facile. Une Présence en moi me vient constamment en aide dans toutes mes occupations. Je ne pense plus qu’à étudier la science de l’esprit et à la partager avec ceux que cela intéresse. » Ce qu’il fit sans aucun regret et lui apporta le bonheur.
« Pour en parler comme vous le faites je ne crois pas me tromper en pensant que ce jeune homme c’était vous, n’est-ce pas Emmet ? »
Emmet lui répondit par un grand sourire énigmatique dont il avait le secret, mais qui en disait long.
Ensuite chaque jour, Emmet et son jeune ami prolongèrent leurs discutions avec un vif intérêt au sujet de la science de l’esprit. Joseph insatiable ne cessait de poser des questions auxquelles Emmet avec une grande patience y répondait toujours avec plaisir. Quelques jours après leur dernier entretien Joseph n’ayant plus de nouvelles d’Emmet se rendit à Liscannor, avec les minces indices que lui avait laissés Emmet il retrouva la maison où habitait sa sœur, Il sonna et se présenta, Augusta le fit aimablement entrer. Joseph lui raconta sa rencontre et les nombreuses conversations qu’il eut avec Emmet et lui dit que ne l’ayant pas revu ces derniers jours il s’inquiétait et aurait aimé avoir de ces nouvelles. Augusta le regarda étonnée et fini par lui dire : « En effet Emmet m’a beaucoup parlé de vos rencontres auxquelles il apportait beaucoup d’importance, il était très heureux de pouvoir partager avec vous ce qu’il connaissait de la science de l’esprit. Mais si je vous parais si étonnée c’est que cela se passait il y a tellement longtemps, puisque Emmet nous a quitté pour des cieux meilleurs il y a huit ans maintenant. »
En rentrant chez lui à Galway, Joseph s’arrêta quelques minutes près des superbes falaises. Soudain une paix qui surpasse tout entendement l’envahi et des milliers de mouettes firent cercle autour de lui. Levant la tête il vit un groupe de nuages formant une grande inscription où l’on pouvais lire « HELLO » ce qui amplifia encore son sentiment de bonheur et un grand sourire illumina son visage.