Décembre 1989
LA DIME A MELCHISEDEK
Le récit que font les Écritures de la naissance du Christ Jésus parle d'un petit enfant, venu au monde à un couple très insignifiant, sans statut dans le monde : Un charpentier juif et sa femme ; ceux-ci font route vers Jérusalem, apportant des aumônes pour la fête annuelle au temple. Si vous lisez cette histoire avec les yeux du monde, vous passerez à côté de son importance véritable. Voici deux personnes inconnues et obscures auxquelles un enfant est né ; mais aussitôt quelque chose d'inhabituel se produit : Des mages viennent saluer cet enfant avec respect et lui apporter leurs plus beaux cadeaux. De partout viennent des gens, et tous apportent des présents, reconnaissant Cela, auquel ils rendent hommage. Ni Marie, ni Joseph n'ont fait un quelconque effort pour s'attirer une telle attention, et le bébé ne pouvait sûrement rien faire si ce n'est être couché là, pleurer un peu et dormir beaucoup plus. Pourtant, sans le moindre effort, les gens sont venus, de près et de loin, pour présenter leurs offrandes et leur adoration.
Aucun nouveau-né n'est assez important par lui-même pour attirer cette abondance d'attention. En général, seuls les parents, les grands-parents, les frères ou sœurs sont attirés par un nouveau-né. Qu'était-ce donc qui attirait vers ce bébé particulier les sages et les adorateurs venus de loin, si ce n'est ce que représentait ce bébé ? Il y avait Quelque Chose dans cet enfant, et ce Quelque Chose était le Christ. Ce n'était pas l'enfant lui-même qui suscitait une telle adoration, mais le Christ dont cet enfant était l'incarnation.
Il existe une Présence et un Pouvoir, que les êtres humains ne peuvent jamais voir. Seuls les sages, ceux qui ont un état de conscience illuminé, peuvent discerner l'entité spirituelle incorporée dans un petit enfant. Seuls ceux qui étaient dotés de sagesse spirituelle pouvaient connaître cette lumière spirituelle et être attirés vers elle.
"Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé... Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s'informa d'eux où devait naitre le Christ... Puis il les envoya à Bethléem en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant... Et voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte... car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr...
(Mat. 2 : 3,4,8,13)
Lorsque les gens au pouvoir entendirent parler du petit enfant, ils prirent peur. S'ils avaient compris la nature du Christ, ils n'auraient jamais eu peur, car ils auraient su que le Christ n'est pas un pouvoir temporel. Le Christ n'aspire jamais à un poste ou à une position. Le Christ est toujours de nature constructive. Personne n'a à craindre le Christ. Cependant, partout où le Christ apparaît, les gens au pouvoir tremblent, ont peur et tentent de S'en débarrasser.
L'État Christique Est Une Reconnaissance
De La Filiation Divine
Le Christ n'est pas un homme ou une femme. Le Christ est un état de conscience divin, qui apparaît sur terre en tant qu'un homme ou qu'une femme. Il n'est pas limité à un homme ou à une femme, mais un certain degré d'État Christique apparaît en tant que chaque homme et chaque femme sur la terre. Tout individu - aussi humble soit-il - renferme une certaine mesure du Christ. Cela est vrai pour tout le monde. L'État Christique est la plénitude de cette qualité transcendantale qui reconnaît la nature divine et infinie de l'être individuel. Ceux qui - comme le Maitre - L'atteignent pleinement, sont les Messies et les Sauveurs, ou les révélateurs spirituels du monde.
Des Sauveurs sont apparus sur terre, périodiquement. Que sont-ils chaque fois venus révéler sur terre ? Leur message a toujours été que l'État Christique est une entité et une identité spirituelle qui est la réalité de tout individu dans le monde. Ce qui en fait des Messies ou des révélateurs est leur perception de l'État Christique, comme étant non seulement la réalité de leur propre être, mais aussi celle de mon être individuel et du vôtre. Ce n'est que dans la mesure où ils perçoivent la nature universelle de l'État Christique, qu'ils sont l'incarnation totale du Christ. Il n'y aurait aucune
évidence de l'État Christique en eux, s'ils ne parlaient que de
leur propre Être-Christ, parce que le fait même de le dire prouverait qu'ils n'ont pas réalisé l'État Christique. C'est dans la mesure où un individu vient sur terre pour révéler votre Christ et nous permettre de manifester davantage de lumière que nous ne le faisons, que l'on peut reconnaître en lui le Christ.
Toute qualité de bien que nous exprimons est une certaine mesure d'État Christique, puisque nous, de nous-mêmes, n'avons aucune de ces qualités. Le simple fait d'avoir en nous la capacité d'être juste, sage, bienveillant, magnanime, aimant ou coopératif, indique que l'Être-Christ est en nous et qu'Il peut être exprimé davantage qu'aucun d'entre nous n'est encore parvenu à le faire, ou n'a cru possible de le faire. C'est la fonction du Sauveur. Le Sauveur n'est pas un homme : le Sauveur est cet état de conscience qui est apparu à la naissance de Jésus-Christ - comme il est apparu à d'autres époques - et qui a été reconnu par tous ceux qui étaient dotés de vision et d'intuition spirituelle : Les sages de toutes les époques. Les Mages ont reconnu cet état de conscience chez l'enfant de Bethléem, une conscience qui, dans son plein dépliement, a permis au Christ Jésus de dire en substance :
"Ce que je manifeste est le Père au-dedans de moi, et vous pouvez aller et faire de même, parce que c'est votre Père autant que mon Père."
Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe... (Mat. 2 : 11)
"Et soudain, il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes..."
(Luc 2 : 13)
Les mages apportèrent des cadeaux ; les oiseaux chantèrent ; les anges volèrent alentour ; les étoiles dansèrent dans le ciel, et toutes sortes de phénomènes spirituels eurent lieu à la naissance du Christ. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi, au moment où le Christ apparaît en tant que votre conscience individuelle. Lorsque vous transcendez votre sens humain de "je" et que vous réalisez que la nature du Christ est votre être - relâchant ainsi vos efforts personnels ¬les mages viendront à vous avec des présents ; on chantera des chansons et on murmurera des louanges.
Les sages apportent leurs présents au Christ. Quelqu'un qui est imprégné du Christ n'a pas à aller à l'extérieur pour gagner ces présents, ni à faire quoi que ce soit pour les obtenir ou même les mériter. Les sages s'unissent pour offrir leur richesse, leurs hommages et leur adoration à cet Être-Christ. Pour les sages, cela ne fait aucune différence que le Christ apparaisse sous la forme d'un enfant insignifiant né à un couple très modeste, ou bien d'un enfant qui serait le fils de César Auguste. Partout où apparaîtra l'État Christique, et chaque fois qu'Il apparaîtra, les sages s'offriront.
L'État Christique - l'illumination spirituelle - vient en tant que grâce de Dieu. Personne ne peut Le recevoir par ses propres efforts ou son propre labeur, mais, de façon paradoxale, personne ne peut Le recevoir sans effort et sans travail. Que ce soit dans notre existence passée ou dans la présente, quelque part dans la continuité de la vie, la grâce touche toute Âme. Alors, pour quelque raison inconnue des êtres humains, cet individu qui était brutal, cet individu qui était tyrannique, cet individu qui était mauvais se met à avoir des pensées orientées vers le bien et devient probablement en une vie de cette expérience particulière un individu beaucoup plus agréable qu'il ne l'était lorsqu'il est arrivé, à travers l'expérience de la naissance. Vous saurez alors qu'un tel individu a été touché par la grâce divine, et que son ascension a commencé.
Cela est vrai sur le plan individuel et collectif. La société n'est nullement parfaite, humainement ou spirituellement, mais les sages mesurent le progrès et le développement sur une longue période de temps, plutôt qu'en termes d'acquisitions sur un laps de temps limité. Par exemple, il n'y a guère d'évidence d'évolution spirituelle dans le fait de lancer une bombe atomique, mais les semences d'une conscience spirituelle croissante chez les citoyens du pays qui lance la bombe sont apparentes dans l'immensité de l'horreur exprimée par ces citoyens en apprenant l'usage qui a été fait de la bombe. Quand on sait que ce pays dans son ensemble n'est pas et n'a jamais été favorable à un tel acte, même dans un but de survie personnelle, il semble alors que la Présence et le Pouvoir spirituels deviennent plus manifestes dans la conscience humaine. En outre, il y a des signes d'une prise de conscience croissante à travers le monde, que l'esclavage n'est ni juste ni moral. Sur le plan spirituel, le monde est aujourd'hui à un plus haut niveau qu'à une quelconque époque antérieure. Ce processus d'évolution est évident chez un nombre grandissant d'individus, et se manifeste sur terre collectivement, en tant que meilleure société.
La Nature Du Christ
Les Écritures nous disent que nous devons devenir comme de petits enfants, sans nous préoccuper du lendemain, mais en vivant en permanence dans la réalisation de maintenant. La nature du Christ est symbolisée par la candeur, la confiance et la foi d'un petit enfant. Un enfant a un moindre sens de "je" à surmonter ; il ne sait rien du besoin de se battre dans le monde pour vivre ; il n'a pas l'impulsion de se protéger des mauvaises gens ; il ne sait rien ou presque des croyances du monde. L'enfant sait que tout va bien, mais est sans doute inconscient du fait que tout va bien à cause de l'attention aimante de sa mère et de son père. Il n'y a avec lui que la joie de l'être pur. En approchant de cet état de conscience de l'enfant, nous réalisons que ce n'est pas un quelconque effort conscient de notre part qui nous apporte le monde avec ses offrandes - les mages qui apportent des présents - mais c'est plutôt cette entité ou identité inhérente, cette nature spirituelle innée, qui attire son bien à elle à tout jamais.
Au-dedans de chacun de nous, il y a Cela qui attire son bien à soi, éternellement. Nous pouvons l'appeler le Père au-dedans ; nous pouvons l'appeler le Père-Mère Dieu ; nous pouvons l'appeler le Christ. Quoi qu'il en soit, cela a une nature, un caractère et un dessein qui attirent son bien à lui ; et il le fera d'autant mieux que nous relâcherons tout effort et lutte personnels et que nous abandonnerons le sens de "je". Cette détente dans l'Esprit ne vient pas sans effort personnel. Cet effort personnel ne vise pas à nous attirer le bien, mais à faire s'exprimer le bien qui est déjà au-dedans de nous. Jusqu'ici, les hommes ont fait des efforts dans le but de gagner leur vie ou d'acquérir gloire et fortune, c'est-à-dire toujours pour obtenir, alors que l'objectif correct des efforts vise à la réalisation du Christ, de l'Infini Invisible. Là doivent résider les efforts.
Ce principe s'applique à la résolution d'un problème, pour nous-mêmes ou pour autrui. La solution d'un problème se présente, dans la mesure de la quantité d'efforts que nous pouvons fournir pour relâcher tout effort. En d'autres termes, c'est tout à fait comme si l'on attendait qu'une tempête se termine au lieu de s'y jeter la tête la première. C'est un rappel constant que "cela aussi passera" ; puis on s'assied tranquillement, ou bien on vaque à ses affaires en réalisant que quel que soit le nom ou la nature du "cela", il passera, non grâce à des efforts concertés de notre part, destinés à accomplir quelque objectif spécifique , ni par la volonté humaine ou des pouvoirs surnaturels, mais en vertu du néant de ce "cela" que nous avons honoré par notre lutte.
"Ce ne sera pas vous qui combattrez, ce sera Dieu...
Tenez-vous là, et vous verrez la délivrance que l'Eternel vous accordera." (II Chron. 20 : 15,17)
On ne peut décrire cela que comme l'effort de ne pas faire d'efforts ; l'effort nécessaire pour demeurer tranquille face à un tempête ou face aux discordes de l'expérience humaine, de sorte que celles-ci, aussi, puissent "passer". Mais ces discordes ne passeront pas, aussi longtemps que nous les combattrons, car l'acte même de les combattre leur donne une réalité et les perpétue dans notre conscience. Un problème n'a pas d'existence à l'extérieur ; il n'existe qu'en tant qu'image mentale dans notre propre pensée. En nous retirant dans ce sanctuaire intérieur et en attendant, la tempête passe. Ensuite, nous apprenons qu'il n'y a jamais eu de tempête en dehors de nous. A l'extérieur, tout était calme et serein. Le fait même que nos voisins en bas de la rue n'aient pas connu cette tempête que nous avons combattue, est la preuve qu'elle existait à l'intérieur de nous. Elle n'existait pas pour eux parce qu'ils n'étaient pas en nous. C'est le seul endroit où la tempête, le péché, la maladie, le manque ou la limitation ont une existence : en nous. Si nous pouvons rester assez tranquille, et si nous pouvons acquérir un peu de l'assurance qu'avait David de la grâce de Dieu, cela passera également. L'État Christique est la reconnaissance de cette vérité. Le degré de notre État Christique peut se mesurer au degré de paix et de tranquillité que nous trouvons pendant que nous attendons que "cela" passe.
John Burroughs nous a donné le secret entier de l'État Christique dans son poème "Attente". Il devait savoir que ce qu'il disait n'était pas vrai des êtres humains, car trop d'êtres humains ont attendu trop longtemps sans trouver "leur bien". Il devait savoir que c'était l'Esprit de tranquillité et de paix qu'il atteignait au-dedans de lui-même qui lui permettait d'écrire : "Mon bien viendra à moi".
Lorsque les gens disent, "Je fais confiance à Dieu pour faire cela", très souvent cela ne se fait pas, car les humains, en tant que tels, n'ont pas de Dieu pour faire quelque chose pour eux. Ce qu'ils appellent Dieu - et qu'ils attendent de voir combler certains de leurs désirs - n'a pas d'existence si ce n'est en tant que concept mental en eux. Ils attendent qu'un Dieu non existant leur apporte quelque bien spécifique, et ils attendent en vain. Mais trouver la paix au-dedans, par la réalisation de notre Identité divine intérieure, est l'accomplissement de ce qui attire à Elle tout ce qui est nécessaire à Son dépliement et développement.
Dans la tranquillité de l'Âme, la prise de conscience spirituelle se développe. La prise de conscience spirituelle est la réalisation que les tempêtes et les problèmes sont néant. C'est un état de conscience qui sait que le Principe créatif de cet univers est aussi l'influence qui maintient et soutient l'univers. Nous disons - avec parfois beaucoup d'aisance - "La conscience spirituelle guérit", ou "La conscience spirituelle est un pouvoir de rédemption", mais qu'est-ce que la conscience spirituelle ? Si, en méditation, vous vous demandez, "Qu'est-ce que la conscience spirituelle ?", la réponse viendra :
La conscience spirituelle est votre prise de conscience que Je suis, que J'existe, que Ma présence au centre de votre être vit votre vie pour vous. La conscience spirituelle est votre prise de conscience du néant des pensées et des choses de ce monde. C'est une prise de conscience de Ma paix au centre de votre être, votre prise de conscience que Ma grâce vous suffit.
Dès le moment où vous parvenez au premier aperçu que la grâce de Dieu vous suffit en toutes choses, vous avez atteint une certaine mesure de conscience spirituelle.
Plus cette conscience spirituelle se développe et évolue en vous, plus vous acquérez d'assurance de la grâce de Dieu. Il y a alors moins d'efforts personnels à faire pour vivre cette vie humaine ; il faut moins de luttes et de force personnelles pour surmonter les problèmes de la vie. Puis vient le jour où non seulement il n'y a pas de problème de la vie, mais où - quand arrive enfin ce jour et que le monde vient à nous en apportant ses présents et en déversant sur nous des louanges - nous nous entendons dire : "Je ne mérite pas cela". C'est vrai, parce que ces présents ne sont pas apportés à vous ou à moi - pas plus que des cadeaux ne sont apportés à la personne de quelque monarque régnant : Les cadeaux ne sont pas apportés à la personne, mais à l'office dont le monarque est le symbole.
La paix, la grâce et le bien du monde ne sont pas déposés à vos pieds à cause de vous ou de moi. Non, ils sont apportés à cause de l'État Christique, à cause de la tranquillité venue par la réalisation d'une Présence divine et d'un Pouvoir divin au cœur et au centre non seulement de notre propre être, mais de tous les êtres individuels. L'État Christique n'est l'État Christique que dans la mesure où il reconnaît que l'État Christique est un état d'être universel.
Quand il s'érige État Christique à l'exclusion de tous les autres, ce n'est pas l'État Christique. L'État Christique est la reconnaissance que Dieu est le thème central de l'être de l'homme. Dès que vous réalisez que Dieu est l'activité de chaque être humain, de chaque animal, végétal et minéral, vous manifestez l'État Christique. Mais pour Le manifester, il faut reconnaître Son universalité. Voyez-vous ce qui arrive à votre ennemi quand vous reconnaissez l'universalité de l'État Christique ? L'ennemi disparaît. Voyez-vous ce qui arrive au prochain que vous aimez comme vous-même ? Ce prochain aussi disparaît. I1 n'y a plus d'amis, et il n'y a plus d'ennemis. Amis et ennemis fusionnent dans l'unique Soi, et ce Soi est l'Être Dieu apparaissant en tant qu'individualité infinie - en tant qu'une infinité d'individus et de choses.
Rendre Hommage Au Christ
Chacun d'entre nous doit reconnaître l'identité spirituelle de tout autre individu, et cette reconnaissance est notre dîme à Melchisédek, tout comme la reconnaissance du Christ en Jésus par les mages les a conduits à Bethléem avec leurs présents. Même Abraham, qui fut le père des Hébreux - cc qui le place envers eux dans une situation un peu semblable à celle de Jésus envers les Chrétiens - même Abraham payait la dîme à Melchisédek. Peu importe qui vous êtes et quel est votre nom ou votre position sociale dans la vie en tant qu'être humain, vous devez toujours payer la dîme, toujours déposer tout ce que vous avez au pied de ce qui n'est jamais né et ne mourra jamais. Melchisédek n'est jamais né et jamais mort, car Melchisédek est l'Esprit de Dieu apparaissant en tant qu'être individuel, c'est-à-dire apparaissant en tant que vous et moi. C'est devant cet Esprit de Dieu que tout être humain doit s'incliner, doit plier le genou, doit apporter la dîme ; c'est avec Cela qu'il doit partager ; à Cela qu'il doit donner Cela qu'il doit reconnaître d'une manière ou d'une autre. La dîme d'Abraham à Melchisédek est exactement le même acte que celui des sages apportant des présents au Nouveau-né de Bethléem. Ils reconnaissaient ainsi l'identité spirituelle et l'État Christique.
Chaque fois que vous reconnaissez intérieurement l'État Christique, où que ce soit sur la terre, vous apportez des présents au Nouveau-né ; vous donnez une dîme à Melchisédek. Vous reconnaissez qu'aussi grand ou noble soit votre état humain, vous êtes encore moins, beaucoup moins que votre Identité spirituelle ou que l'Identité spirituelle d'autrui. Jésus a porté témoignage à cela en se niant lui-même. Quand il a dit :
"De moi-même, je ne peux rien faire...(.71n 5 : O) la doctrine n'est pas la mienne, mais celle de celui qui m'a envoyé.( Jn 7 : 16)
C'était sa dîme et sa manière d'apporter des présents à l'identité spirituelle de l'être individuel. Personne ne devrait manquer de déposer ses présents aux pieds du Christ. de donner la dîme à Melchisédek. Aucun d'entre nous ne doit ou ne devrait vouloir échapper à l'expérience de plier le genou devant le Christ de son prochain.
En reconnaissant le Christ de notre prochain, nous demeurons dans la paisible assurance que personne ne nous fera de mal par un acte destructif ou malhonnête ; et, dans cette paix, nous rencontrons tous ceux qui croisent notre route avec tranquillité et avec la conviction absolue que nous sommes en sûreté et en bonne compagnie. Cela sera vrai même quand nous rencontrerons notre Goliath particulier, parce que nous saurons qu'en dépit de toute sa force apparente, un petit caillou - une minuscule parole - suffira : "Je suis ; tu es ; nous sommes un en Christ. L'Esprit de Dieu est ta vie, ton âme, ton être." Cette simple réalisation est notre caillou. C'est la seule pierre dont nous ayons besoin contre un quelconque Goliath, simplement les mots "Je suis ; tu es ; nous sommes un."
Le Maître a dit à Pierre que seul le Père au-dedans, la conscience spirituelle, lui avait permis de reconnaître en Jésus le Christ. Ainsi, seule la conscience spirituelle en vous, vous permettra de discerner le Christ en votre prochain. Il ne suffit pas de faire une affirmation de vérité disant que Christ est le centre de tout être, ou que chaque individu est enfant de Dieu. Cela peut suffire pour commencer à faire réfléchir une personne, mais cela n'est pas assez pour atteindre l'objectif de l'État Christique. Il faut que survienne finalement en vous un état de conscience réel, dans lequel vous perceviez vous-même l'État Christique comme étant l'être véritable de l'homme.
Ne vous contentez jamais d'un énoncé de vérité, aussi vrai soit-il, et aussi noble ou divin soit celui qui l'a prononcé. Le seul fait que vous ayez lu ou entendu une vérité que Jésus a dite ne fera pas votre démonstration. Une conviction réelle doit nous venir au cœur. Un éveil réel à ces vérités doit nous venir à l'Âme, avant que ces vérités ne puissent devenir évidentes dans notre expérience. Le Maître nous a avertis que tous n'entreront pas, parmi ceux qui crient "Christ, Christ". Tous n'entreront pas dans la conscience spirituelle parmi ceux qui font des affirmations de vérité, aussi vraies soient ces affirmations, parce que l'on ne parvient à la conscience spirituelle que lorsqu'elle devient un état de conviction dans la région du cœur, et non en haut dans celle de la tête. Il se peut très bien que notre premier aperçu de la vérité entre dans notre conscience par le canal du mental. Nous le laissons pénétrer à travers notre intellect, mais cette vérité n'est pas encore devenue l'État Christique de notre être. Lorsque vient à notre Âme cette même reconnaissance qu'Abraham a eue pour Melchisédek ou les Mages pour Jésus ; lorsque nous percevons au-dedans de notre propre être, "Oui, tu es le Christ ; Christ est la vérité de l'être ; Christ est la véritable nature de chaque individu ; Christ est ce centre de mon être qui attire à lui son bien", c'est alors, dans ce moment de reconnaissance, que la transition se fait. Il y a pour chacun de nous un point, une période ou un lieu de transition où ces vérités connues intellectuellement deviennent conscience, spirituellement discernée.
Pour parvenir à ce discernement spirituel, il nous faut demeurer tranquille au centre de notre être, et relâcher les jugements du monde ou les jugements les uns des autres ; il nous faut nous reposer, en laissant passer la tempête et les arguments du sens matériel, en laissant se détacher de nous les opinions matérielles sur Dieu, l'homme et l'univers, sans les combattre ni essayer de les changer.
Notre lutte est à la mesure de l'opposition de notre état humain à notre nature spirituelle, et pour certains c'est une lutte acharnée. Il y a une bonne dose d'état humain à surmonter, et ce qui est difficile à comprendre est qu'il ne faut pas seulement surmonter le mauvais état humain, mais également le bon état humain. Les bons êtres humains connaissent souvent de sérieux conflits intérieurs pour surmon¬ter leur sens de bon état humain, parce qu'il est agréable et satisfaisant de s'accrocher à notre état de bon être humain. D'autre part, ceux qui sont conscients de certaines qualités indésirables, savent qu'ils devraient faire un effort pour s'en débarrasser. Les bons êtres humains croient cependant que leurs qualités humaines sont si bonnes, qu'ils ont envie de les garder. L'État Christique survient à notre conscience individuelle à mesure que nous voyons de moins en moins le besoin de lutter dans le monde. Moins nous nous engageons dans la bataille contre "ce monde", plus l'État Christique se développe.
Dans les Écritures, nous voyons Abraham payer la dîme à Melchisédek ; nous voyons les Rois Mages apporter leurs présents au Nouveau-né ; nous voyons Pierre reconnaître l'État Christique de Jésus. Nous comprenons également le grand symbolisme des pèlerinages à des temples ou à des lieux sacrés. Peu importe la forme de symbolisme utilisée, s'il y a un acte de reconnaissance. Ce qu'est cet acte n'est pas important, mais chacun doit avoir l'occasion d'utiliser une certaine forme de symbolisme. Cette forme doit se présenter comme un ordre du cœur, et non comme une cérémonie exigée par un quelconque règlement.
En d'autres termes, lorsqu'une personne - en tant qu'expression de son propre état de conscience - pose une fleur sur un autel, allume une bougie ou un bâton d'encens, enlève son chapeau, le touche légèrement, le place sur sa tête, ou bien retire ses chaussures, c'est sa manière de montrer qu'elle reconnaît l'État Christique. Tant qu'il n'y a pas cette reconnaissance, le Christ n'est pas encore venu au cœur. Tant que cette dîme, ce présent au Nouveau-né, n'est pas donnée en tant qu'acte conscient, et tant que le cœur n'ordonne pas à quelqu'un d'accomplir un acte de purification, un acte de sacrifice ou un acte de dévotion, le Christ n'a pas encore pénétré la conscience individuelle, et la lettre de vérité est morte - et tue. La lettre de vérité ne sert à rien tant que le cœur n'a pas cédé, tant que l'Âme n'a pas rendu hommage au Christ quelque part, d'une certaine façon, en quelqu'un ou en quelque chose. Cela vient à chacun de manière différente, et sous une forme différente. La reconnaissance et le symbolisme peuvent apparaître à chacun d'une manière originale et distincte, mais à un certain moment dans l'expérience de chaque individu, le Christ naît, et cette naissance est reconnue par un acte de dévotion. N'oublions pas ceci : la naissance du Christ est reconnue par un acte de dévotion volontaire. Tant que cet acte de dévotion ne se manifeste pas, le Christ est encore le Messie attendu ; nous attendons alors soit le Messie, soit la seconde venue du Messie, et nous n'avons pas encore atteint le Christ dans notre cœur. Lorsque se produira, au-dedans de notre être, un hommage volontaire et spontané,un acte de sacrifice ou un acte d'amour, peut-être saurons-nous alors que le Christ est en train de naître en nous.
Le Christ
Le Christ, ou Fils de Dieu, est un Esprit. Nous sommes, en tant qu'êtres humains, comme la branche qui est coupée et se dessèche, c'est-à-dire cet état de conscience stérile décrit par le Maître dans le quinzième chapitre de Jean. A un certain moment de notre expérience, par la grâce de Dieu - et seulement par la grâce de Dieu - cette réalisation pointe dans notre conscience ; c'est ainsi que le Christ est conçu en nous.
Étant donné que cette expérience est en général le résultat direct d'une attente, d'une recherche de Dieu et d'une course après Dieu, on peut dire qu'elle est conçue d'une vierge. En effet, cette expérience ne peut être conçue que dans cette pureté de conscience qui recherche l'illumination et est engagée dans une dévotion à Dieu consciente et constante.
A mesure que grandit en nous l'idée de Christ, elle chasse de faux concepts de la vie entretenus jusqu'ici, et amène souvent avec elle une période de détresse et de discordes, quand le sens fini commence à céder à la nouvelle Influence. Le sens de soi limité cède péniblement à la réalisation de l'Etat-d'Etre éternel et immortel. Puis, un jour, au milieu de notre dévotion à Dieu, et pendant que nous payons un tribut d'amour et un tribut d'abandon du soi personnel, le Christ naît en nous.
La profonde humilité qui accompagne la réalisation du néant et de la stérilité de l'ego, est comme la crèche d'autre fois, car il n'y a pas de place pour la parade et l'élégance de l'ego : L'ego a été mis à nu. Et vite, le Christ S'annonce, imprégnant chaque facette de notre être de Sa lumière. Tous nos sens sont attentifs à la nouvelle Présence que nous renfermons. Ce qui en nous correspond aux Mages - notre intelligence, notre amour, notre dévotion - rend hommage à Cela que nous reconnaissons maintenant comme étant le sauveur, le rédempteur, le guérisseur, la présence même de l'Amour, Soi-même.
Le sens humain, en nous et dans le monde, est toujours en opposition à Ce qui finit par dissoudre tout ce qui est humain et fini ; c'est la raison pour laquelle nous entretenons notre Bébé en secret et en silence - dans l'Égypte intérieure et cachée de la conscience.
A mesure que se poursuit le dépliement spirituel, et que nous devenons de plus en plus assuré de la Lumière et conscient de Sa fonction en tant que Ce qui guérit, rachète, sauve, inspire et illumine, nous nous découvrons une foi et une compréhension renforcées. La communion intérieure s'approfondit, et les miracles commencent à être manifestes pour ceux qui nous entourent.
On remarque vite notre nouvelle force de caractère : La lumière du visage apparaît même parfois comme un halo au-dessus de notre tête ; la fermeté de l'autorité et l'esprit de décision dans l'approche deviennent de plus en plus apparents. Les mornes eaux du mental humain deviennent le vin de l'inspiration, à mesure que l'on est témoin et que l'on célèbre le mariage, ou l'union, de Dieu et de l'homme. La maladie cède la place à la santé ; le doute, la peur et le péché disparaissent à l'approche du Christ ; et même l'état humain mortel revient à la vie à mesure que la Vie éternelle révèle Sa brillante lumière.
En Sa présence, il n'y a pas de manque, puisqu'Il remplit, Lui-même, chaque partie de la conscience. Il devient notre nourriture et notre boisson, ainsi que notre inspiration et notre sagesse. Nous ne cherchons plus les choses et les pensées du monde, puisqu'il y a maintenant en nous un flot continu de ruisseaux d'eaux vives. Le bâton de la vie est toujours à portée de la main. Alimentés par la divine sagesse, qui devient la force de notre esprit et de notre corps, nous n'avons plus besoin de "vivre de pain seulement".
Dans l'expérience débutante du Christ, les discordes et inharmonies du sens matériel sont guéries et disparaissent : Les défauts de caractère, les maux de la chair, les maladies mentales et morales, l'esclavage du manque et des limitations. Tout au long du développement de la révélation de l'évangile, l'ignorance cède le pas à la lumière de la sagesse spirituelle. La force matérielle et mentale est maintenant remplacée par "l'esprit du Seigneur".
Plus tard, beaucoup plus tard, vient la crucifixion : La destruction, aussi, de l'harmonie et du bien de l'expérience humaine. Par la crucifixion du bon état d'être personnel vient l'ascension, à mesure que se révèle en nous la plénitude du Christ - le corps et l'être du Christ. Notre état humain, dans son sens mauvais et malade, a disparu depuis longtemps. Même le bien de l'expérience humaine cède la place à la réalisation de l'État Christique. Il n'y a plus de bien ou de mal ; il n'y a que la gloire qui était avec nous avant le commencement du monde : L'État Christique.
La Guérison Christique
Le ministère du Christ est un ministère de guérison. Quand Jean, le Baptiste, demanda si Jésus était en vérité le Christ, le Maître répondit seulement :
"Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres." (Mat. 11 : 4,5)
Aucune parole ou aucun écrit au sujet du Christ ne serait complet si l'accent n'était mis sur Sa fonction en tant que guérisseur,
approvisionneur et rédempteur.
Pour guérir par le canal de la conscience Christique, il faut transcender la pensée. Même si une méditation commence comme une contemplation de la Vérité, elle doit s'élever jusqu'au royaume supérieur de la prise de conscience silencieuse, avant que ne puisse s'accomplir la guérison. Pour commencer une méditation de guérison, nous devenons un état de réceptivité, à l'écoute de ce qui peut être révélé de l'intérieur.
Souvent nous vient à l'esprit un passage de vérité tel que : "Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair" (11 Cor. 5 : 16)
Après avoir entendu cette phrase plusieurs fois, ou après l'avoir répétée consciemment, la pensée se calme tandis que nous réfléchissons à la signification de l'énoncé : "Ainsi, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair." Nous percevons maintenant que l'homme n'est pas chair, mais qu'il est conscience, être spirituel, qualités spirituelles. Nous discernons qu'il y a non seulement un Principe créatif qui produit Sa propre image et ressemblance, mais que c'est ce Principe qui soutient la vie. Sa création doit nécessairement être de Sa propre essence : Vie, Amour, Esprit, Âme ; cela est la nature de l'homme. Nous percevons que l'homme visible ¬qu'il soit malade ou en bonne santé - n'est pas cet homme, mais que c'est le Christ, ou l'identité spirituelle qui est en vérité l'homme. Cet homme n'est pas soumis à la loi de la chair - pas même de la chair harmonieuse - mais n'est soumis qu'au Christ, à la filiation divine.
Avant longtemps, nous parvenons au terme de cette cogitation mentale, ou contemplation, et nous nous établissons dans un paisible état de réceptivité, dans lequel aucune pensée ne fait intrusion. Dans cet état de réceptivité, le Christ guérisseur ¬ou Esprit de Dieu - prend le relais, et maintient une tranquillité et une "paix, sois tranquille" spirituelle, d'où surgit une grâce guérisseuse qui nous enveloppe, nous ou notre patient ; et par cette grâce guérisseuse, l'harmonie devient visible et tangible dans notre expérience.